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Déc 06

Retraite

Entre deux maux, sans doute vaut-il mieux être à la retraite qu’au boulot.

Mais la retraite n’est pas un « droit », c’est, ou ce devrait être vécu comme un infamant solde pour tout compte d’une vie spoliée. Le compte n’y sera jamais.

La retraite ne compensera jamais le temps perdu, le temps volé, le temps détourné pendant les plus belles années de notre existence au service de la marchandisation de tout et de tous.

Accepter le principe de la retraite, c’est accepter le principe du découpage arbitraire de nos vies, c’est accepter que nous ne soyons pas maîtres de la dimension sociale de nos existences, c’est accepter ce marché de dupes selon lequel il y aurait une quelconque équité à échanger la sueur de nos meilleures années contre le temps sans véritables moyens de nos plus ou moins poussives, dernières années.

Ce qui est ici en cause ce n’est pas le montant des retraites ou des salaires, c’est le contenu de la vie que l’on accepte d’avoir en échange de ces montants, c’est le contenu de la vie auquel on renonce en échange de ces pauvres compensations.

La question qu’il faut se poser est celle de savoir quelle vie est rendue impossible par l’existence du système des salaires et des retraites et non pas de la plus ou moins grande faiblesse de leurs montants.

L’enjeu du conflit qui s’annonce est pourtant important : non pas à travers la « défense des acquis sociaux » comme prétendent nous le servir une fois de plus les syndicats, mais plus fondamentalement par la définition active de la place souhaitable des humains dans ce monde déboussolé, place souhaitable de plus en plus visiblement en contradiction avec la défense des statu quo salariés.

Même pour « sauvegarder » un minimum de ces anciens acquis à défaut de mieux, cela ne pourra se faire qu’en affolant le pouvoir en portant le dissensus social sur un autre terrain que celui de l’économie :

-celui du (non-)sens de la vie avant, pendant et en-dehors du travail, plutôt que sur le degré de préservation de la capacité de consommation des retraités après leur mise au rebut.

Dans une vie digne d’être vécue, la notion de retraite ne devrait avoir aucun sens.

Extraits d’un commentaire sur le blog de Paul Jorion

 

 

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