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Août 14

R.I.P

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La globalisation est morte : longue vie à la déglobalisation !

En effet, si le Brexit n’a (heureusement) pas été le cataclysme que bien des analystes prévoyaient, il n’en est pas moins la manifestation la plus spectaculaire de la fin du règne de la globalisation. Une révolte gronde effectivement –à l’échelle des pays occidentaux- depuis les crises des années 2007 et 2008, sourde au départ puis progressivement de plus en plus visible à l’encontre des élites.

 Tandis que les équipes au pouvoir remportaient le plus souvent les élections au sein des nations démocratiques si elles décidaient de se représenter, elles perdent désormais quai-systématiquement les élections depuis 2008. Cette rébellion démocratique à l’encontre de l’establishment n’est en rien idéologique puisqu’elle affecte indifféremment la gauche et la droite aux affaires. Elle est la résultante d’une croissance mondiale anémique, elle est la sécrétion de la stagnation séculaire, ayant comprimé l’activité économique mondiale d’un taux moyen de 3.5% avant la crise à 2% aujourd’hui.

 Du reste, le seul pays qui semble tirer son épingle du jeu avec un taux de chômage inférieur à 5% -les Etats-Unis– subit lui aussi cette érosion des revenus puisque la masse de ses travailleurs ne bénéficie d’aucune progression salariale. Quant à l’Allemagne, elle se retrouve dans une posture manifeste de concurrence déloyale puisque l’amélioration de ses fondamentaux économiques n’a pu se construire que sur le linceul des autres économies européennes. Bref, un sentiment de récession généralisée règne sur l’Occident dont le maillon faible est l’Union européenne qui en a subi deux depuis 2008!

 Face à ce fiasco des exécutifs au pouvoir et à une croissance en berne, les banques centrales ont dû envahir de plus en plus le terrain économique afin de tenter d’édulcorer une crise susceptible de dégénérer sur le plan politique et social. Leur création monétaire, cependant, a bien plus profité aux riches –qui se sont enrichis davantage à travers la progression de la valorisation des actifs boursiers, obligataires, immobiliers– qu’à ceux qui en avaient réellement besoin.

 C’est à cette aune qu’il faut analyser le Brexit, qui ne fut qu’un plébiscite contre les élites, contre les citadins, contre les diplômés, bref contre tous ceux qui ont bénéficié de la globalisation, de l’ouverture des frontières, de la libre circulation des biens et des capitaux…

Nous assistons donc depuis quelques années au phénomène inverse qui consiste pour les Etats, pour les banques et pour nombre d’institutions naguère globales à un mouvement de repli à l’intérieur de leurs frontières nationales. Le signe le plus manifeste de cette frilosité mondiale réside dans l’effondrement des flux de capitaux transfrontaliers de 16% du P.I.B. mondial en 2007 à 1.6% aujourd’hui (selon un rapport de la Banque d’Angleterre). Soit un retour aux années 1980, qui affecte évidemment la croissance globalisée en proportion puisque celle-ci est directement corrélée au flux international des capitaux. Cette globalisation qui a tiré de la pauvreté les pays émergents a donc en même temps appauvri les classes moyennes des nations occidentales.

 Pourquoi nous –français ou italiens ou grecs– serions-nous favorables à une globalisation qui a détricoté notre tissu social et provoqué la déchéance de notre niveau de vie?

Le Brexit nous vient de la crise de 2008, elle-même fruit empoisonné de la globalisation. Quant au message émanant de ce Brexit, il est clair et limpide : les dirigeants politiques de demain devront d’abord et en priorité s’occuper de soulager les laissés pour compte de la globalisation.

Extraits d’un article de Michel Santi   michelsanti@gestionsuisse.com

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