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Mai 13

Pearl harbor

Le cas Alstom, comme d’autres, rend compte de l’état de crise de l’industrie française. La caractéristique – et une des spécificités de l’économie française et de son industrie en particulier par rapport aux autres pays européens – était le nombre remarquable de très grandes entreprises mondialisées. La popularité de la France tenait à sa notable représentation dans les classements mondiaux.

D’un côté, la France avait de très belles entreprises (dites du CAC 40) qui prospéraient et elles étaient sa spécificité, et de l’autre, des PME en mal de croissance qui ne parvenaient pas à croître et à se développer. La France avait une caractéristique d’économie duale.

Le drame qui se joue aujourd’hui est la chute de nos grandes entreprises, la chute de nos champions du CAC 40. Ils tombent l’un après l’autre.

Nous avons de légitimes raisons de nous inquiéter. Nos PME ne parviennent pas à se développer et dans un même temps, nos grandes entreprises passent sous contrôle étranger ou sont démembrées. La part de l’industrie française devient dérisoire. Nous détenons le triste record de décroissance industrielle, en termes de valeur ajoutée et pour les parts de marché à l’exportation. Ce n’était pourtant pas une attaque surprise, 15 années de décroissance. L’érosion est lente mais régulière : la part de la valeur ajoutée de l’industrie ne représente plus que 12%, celle des effectifs n’est même pas de 10%.

La résistance doit s’organiser. Il est important de favoriser une approche de territorialité et d’attractivité et placer dans un plan secondaire la nationalité du capital des entreprises. Pour organiser cette résistance, il faut réagir en appliquant une règle importante en économie, la localisation des activités sur un territoire.

Mais cela n’a jamais été et n’est pas la vision française. On a fabriqué des champions nationaux avec des états-majors français, avec du capital français car l’industrie en France a une dimension de souveraineté nationale. Et lorsque les grands groupes passent sous contrôle étranger, il y a un arrière-goût de trahison traumatisant.

Le capital des grands groupes français est en situation de dévitalisation, il est souvent sous capitalisé. La relance de l’économie doit passer par des PME capables d’absorber les pertes d’emplois qui s’annoncent. Le souci économique majeur est que la France souffre du manque de PME.

Le bilan est déjà lourd et la débâcle industrielle française ne sera pas enrayée. Les indicateurs sont à la baisse depuis 15 ans. La France a tout eu : évolution des parts de marché, évolution des taux de marge, évolution de la productivité, relation entre l’état de la productivité et des salaires. Et les indicateurs se dégradent continuellement depuis 15 ans.

Imaginez les grands groupes industriels français, bloqués dans le port de Pearl Harbor. Imaginez le terrible vrombissement des escadres. Je n’ose imaginer la suite… ou que trop.

Article de Jean Luc Ginder     Contrepoints.org

 

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