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Avr 07

L’intérêt

[Le « financiarisme » cité était une nécessité sauf à voir arriver à nouveau une crise de la taille de celle de 29. Nous y avons échappé par la création d’un système financier d’une complexité qui a échappé à tout le monde.

Les petites économies faisant les grosses dépenses, nous sommes maintenant non seulement dans une crise qui dépasse largement celle de 29 (et pour cause) mais dans une impasse car les faits sont têtus et patients]-alpha.b

 

 

Durant plus de deux millénaires, de Platon au Pape Léon XIII, en passant par Charlemagne et Saint Louis, les autorités morales des sociétés ont lutté drastiquement contre le prêt à intérêt : l’usure, qui a même valu excommunication au Moyen-âge. Cette notion existe d’ailleurs toujours dans notre législation contemporaine : il y a une limite au taux d’intérêt exigible.

Outre l’aspect peu moral de gagner de l’argent avec de l’argent, « en dormant » et non par le travail, nos ancêtres avaient également perçu le vice intrinsèque du prêt : c’est un dangereux pari sur l’avenir, car il consiste à dépenser aujourd’hui l’argent que l’on aura normalement demain. Si l’argent est bien là demain, l’opération sera neutre, et il y aura alors simplement moins d’argent disponible pour l’emprunteur. Sinon, les problèmes commencent…

Rappelons bien ce fait comptable : hormis le cas des intérêts, une opération de crédit « normale » est neutre : elle n’enrichit ni n’appauvrit personne. L’emprunteur bénéficie d’une simple avance de trésorerie qu’il doit rembourser à terme ; il fait donc le pari qu’il disposera alors des sommes pour rembourser. S’il n’y arrive pas, l’emprunteur se sera in fine enrichi au détriment du prêteur, par un simple transfert de patrimoine. Ceci explique la frilosité du prêteur, qui étudie attentivement la situation de l’emprunteur et lui demande des garanties.

Or, le « financiarisme » a remplacé aux États-Unis le capitalisme fordien au début des années 1980 Le dernier point conduit naturellement à la généralisation du PIG : le Principe d’Imprudence Généralisé, n’importe quel risque se devant d’être pris pourvu qu’il soit censé ramener quelques euros.

On comprend ainsi parfaitement la perversion du système actuel quand on comprend le critère de pilotage réel : le court-terme, c’est le mois ; le moyen-terme, le trimestre ; le long terme, un an ; au-delà, les risques ne sont plus véritablement gérés

Tous les États occidentaux sont dans cette situation déplorable – et sans issue. Le système ne tient plus que par un reste de confiance, mais qui n’a aucune justification réelle. Comme le disait Jacques Rueff : « Ce qui doit arriver arrive »…

Nous retrouverons alors une règle confirmée par des siècles d’Histoire : « Moyennant suffisamment de temps, tout État finit par faire défaut ». Depuis 1975, en 35 ans, 70 États ont fait défaut sur la Planète – 2 tous les ans en moyenne. La France fait défaut environ 2 fois par siècle – le dernier date de 1943, par hyperinflation… Le défaut d’un État est en fait la règle, le remboursement l’exception.

Rappelons qu’un défaut public entraîne simplement une ré affectation des patrimoines au bénéfice des plus pauvres. C’est évidemment une très mauvaise solution, mais c’est souvent la seule disponible, comme dans toute faillite… L’État étant par ailleurs la puissance émettrice de l’impôt, un tel défaut s’analyse en une forme de taxe sur le capital accumulé ou de perception des impôts non appelés par le passé – car « un euro de dette publique en plus aujourd’hui, c’est un euro d’impôt en plus demain », et nous sommes demain…

Tiré d’un article de Olivier Berruyer : Le malheur est dans le prêt. www.les-crises.fr

 

 

 

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