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Avr 30

Le Roi nu

 

En leur commencement, les sociétés humaines ne sont pas très « complexes » : tout le monde vit de ce qu’il produit, fabrique ou chasse.

Avec le temps, les sociétés se complexifient : de plus en plus de gens ne produisent plus directement, tout en dépendant des biens fabriqués par d’autres.

D’une manière générale, moins est importante la proportion de ceux qui produisent des biens réels, plus la société est complexe.

De ce point de vue, nous nous sommes livrés à une petite approche comparative, à partir des statistiques fournies par la Banque Mondiale et l’INSEE. Nous avons distingué les emplois « improductifs » du secteur des services, de ceux, « productifs », de l’industrie et de l’agriculture.

Le secteur des services regroupe l’ensemble des emplois de l’administration publique, du commerce, de l’hébergement-restauration, de l’Enseignement, de la Santé, de l’action sociale, de la banque, etc.

Alors que le secteur des services représente 77% des emplois en France, la richesse produite par ce secteur représente seulement 56% de la richesse totale produite par le pays (1087,6 milliard d’Euros, en 2015). Encore faut-il fortement relativiser cette richesse produite.

Ainsi l’Administration ou la Police sont comptabilisées dans le PIB selon le principe que la richesse qu’elles produisent est égale à leur coût (où comment transformer une charge en gain !).

Quoi qu’il en soit, on peut se poser la question de l’avenir d’une société qui s’organise de telle manière que 8 personnes dépendent du travail de 2 personnes.

Encore ne parle-t-on ici que de la population active. Ramené à la population totale, le rapport est de 11 pour 2 !

Question : combien de temps une société complexe peut-elle durer quand seulement 2 « productifs » de biens réels pourvoient aux besoins essentiels de 8 (ou 11 !) « improductifs » ?

Faute de « productifs » en nombre suffisant, nous importons une grande partie des biens dont nous avons besoin. Nous échangeons ces biens contre de l’argent tout droit sorti de la BCE.

Or, depuis 2008, les pays du groupe qui compte 2 « productifs » pour 8 « improductifs » ont pris l’habitude de faire fonctionner la planche à billet à la moindre alerte financière ou économique.

Nous sommes donc dans une situation assez compliquée : il n’est pas exclu que nos fournisseurs perdent bientôt confiance en la valeur de notre monnaie (monnaie qu’ils ne pourront peut-être plus nous retourner par le tourisme), et nous ne sommes plus capables de les payer en biens réels.

En fait, plus nombreux sont ceux qui vivent du travail des « productifs », plus la société est complexe… et plus la société est proche de son effondrement. Il se pourrait, l’avenir nous le dira rapidement, qu’en dessous de 3 « productifs » sur 10, une société ne soit plus viable.

La crise qui succèdera à celle du coronavirus sera une crise économique carabinée.

L’Occident sortira vaincu et laminé de la crise sanitaire. La valeur de sa monnaie était essentiellement fondée sur un prestige hérité du passé, sur une réputation.

Le monde se persuadait de la supériorité de l’Occident, donc de sa monnaie.

Aujourd’hui, la débâcle intellectuelle, morale, économique, sanitaire, technologique, scientifique… des pays occidentaux apparaît à tous.

L’humiliation est terrible. Personne, pas plus nous que nos fournisseurs, ne peut désormais ignorer l’effondrement civilisationnel de l’Europe et des Etats-Unis : tout le monde voit que leur réputation n’est plus justifiée.

L’Occident a déchu. Le Roi est nu. La conséquence inévitable sera la dépréciation de ses monnaies et le tarissement d’un commerce fondé sur l’échange de biens réels contre du vent.

Une époque est en train de se terminer.

Prêts ?

Extraits d’un article de Antonin Campana sur le blogalupus

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