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Déc 02

Le miroir aux alouettes

Les actions sont de petits morceaux d’entreprise. Or les entreprises ne gagnent pas d’argent juste parce que la banque centrale imprime de l’argent. Si c’était le cas, les entreprises du Zimbabwe auraient été les plus profitables de la terre, il y a quelques années. Sous la direction de Gideon Gono, la banque centrale zimbabwéenne imprimait des billets de plusieurs milliers de milliards de dollars et les distribuait un peu partout. Le problème, c’est que ces billets ne pouvaient pas même acheter une tasse de café. En fait, on ne pouvait pas acheter de tasse de café tout court… L’économie était dans un tel désarroi qu’il était impossible de trouver du café. Ou quoi que ce soit d’autre.
Mais ça, c’était à la fin. Au début, l’impression monétaire permet des miracles.

Sauf que les entreprises ne fonctionnent pas dans le domaine du mystérieux ou du sacré. Ce sont des opérations remarquablement terre-à-terre. Ce sont de vraies entreprises avec de vrais revenus et de vraies dépenses. Elles gagnent de l’argent en vendant des biens et des services. Et, prises ensemble, elles ne peuvent gagner que ce que l’économie elle-même leur permet. En d’autres termes, il n’est pas possible que toutes les entreprises à la fois gagnent plus que l’économie qui les soutient.
Nous pouvons donc vous poser une question : les économies des pays du monde vont-elles mieux s’en sortir maintenant que les banques centrales ont annoncé qu’elles imprimeraient plus d’argent ?

Ou moins bien ?

Difficile à dire. Mais selon nos calculs, le monde est en proie à une correction majeure. Parmi les choses qui seront probablement à corriger, il y a le système monétaire… dans lequel les banques centrales ont le pouvoir de créer de “l’argent” à partir de rien.

La correction pourrait-elle corriger quelque chose qui n’a pas besoin de l’être ? Si les banquiers centraux refusaient d’imprimer de l’argent, il n’y aurait pas besoin de corriger, pas vrai ? Cette dernière annonce ne fait donc que confirmer ce que nous pensions depuis le début.
Imprimer de l’argent est plus facile qu’augmenter les impôts. C’est également plus facile qu’emprunter… surtout quand les emprunteurs commencent à se méfier. Tout ce qui restait, c’est l’intégrité des banquiers centraux eux-mêmes.
On dirait bien que c’est ce qui vient de céder…

▪ Mais attendez. Si les banquiers centraux impriment de l’argent, pourquoi les consommateurs devraient-ils continuer à réduire leurs dépenses ?

Ah… nous sommes heureux que vous ayez posé la question. Les banques centrales renflouent les spéculateurs, les banquiers et les autorités… pas les ménages. L’argent n’arrive au niveau des consommateurs qu’à contrecoeur… voire pas du tout.

Au lieu de ça, les riches deviennent plus riches, grâce à un système monétaire corrompu. On les renfloue après leurs erreurs… et on leur donne beaucoup d’argent qu’ils ne méritent pas.

Et les pauvres ? Deviennent-ils plus riches simplement parce que les banques centrales chouchoutent les investisseurs obligataires ? Les investisseurs obligataires construisent-ils des usines fournissant des emplois accessibles ? Les spéculateurs inventent-ils de nouvelles industries ? Les initiés lancent-ils des petites entreprises et des sociétés créant de la véritable richesse ?

Ne nous faites pas rire, cher lecteur.

Extraits d’un article de Bill Bonner sur la chronique Agora

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