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Avr 30

Le désir

[Une autre façon d’aborder le problème des deux cerveaux et surtout de l’importance de celui qu’on a voulu enterrer et qui revient toujours au grand galop]-alpha.b

 

 

Refonder le capitalisme ne peut pas, de ce point de vue, faire l’économie (!) d’une approche de l’intériorité, cet espace de l’humain dans lequel s’élabore à partir de ses besoins vitaux et de son expérience de la réalité, sa représentation de cette réalité.

Car c’est dans cette intériorité que prennent racine ses croyances à propos du monde, des autres et de lui-même, desquelles découlent ses stratégies puis ses comportements au quotidien, qui eux-mêmes génèrent son environnement sociétal, véritable cristallisation de sa représentation des choses.

Face à un capitalisme à l’agonie, il me paraît incontournable d’interroger cette intériorité et son moteur, le désir. Le désir nous porte au quotidien dans l’effort d’exister. Sa satisfaction jamais ne l’épuise, mais au contraire le nourrit et le grandit. De l’expérience du plaisir découle l’élan toujours plus fort d’oser risquer l’aventure de la vie.

La frustration peut en contenir l’enthousiasme, et nous apprendre une certaine modération dont l’enjeu est l’aptitude à prendre en compte les limites. Mais de par sa nature, le désir se porte vers l’Infini, et sans lui c’est la grande dépression, celle qui nous empêche de projeter, d’entreprendre, et de réaliser dans le concret de ce monde.

L’impasse dans laquelle nous plongent les crises dont il est question dans ce blog, est à mon sens d’abord la conséquence de cette erreur à propos du désir. Porté vers l’Infini dans un monde fini, il ne peut que rêver de croissance illimitée. Lorsqu’elle est en berne, il ne peut qu’espérer qu’elle reparte bientôt de plus belle pour nous préserver de toute confrontation essentielle.

Et occasionnellement envisager, sous forme d’austérité, de se libérer de la honte que lui inspire son arrogance. L’argent en est le meilleur symbole, et, on le sait, son accumulation entre les mains de celles et ceux qui en possèdent ne suffira jamais.

Mais alors le rappel des limites de l’espace-temps dans lequel nous évoluons, la volonté de ramener l’humanité et ses dirigeants à plus de raison et de mesure, avec de nouvelles règles y compris toutes les formes de régulation et de redistribution, ne peut suffire.

Ce serait se montrer bien naïf face au désir. Sa nature est subversive. Il ne peut vivre dans un rapport sain avec les limites existentielles sans ouverture à la dimension de l’essentiel.

Si toutes les cultures et civilisations qui nous ont précédées ont sans cesse accordé une telle importance à cet aspect de l’organisation de leur société, peut-on vraiment n’y voir que le signe de leur infantilisme ?

 

Extraits d’un billet de C.Maurer sur le blog de Paul Jorion  www.pauljorion.com

 

 

 

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