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Déc 07

Inflation

Ce qu’il oublie de dire, aussi, c’est que cet argent circule dans l’économie « virtuelle » celle de la finance pure, ce qui lui permet de faire des petits qui sont totalement artificiels sauf pour ceux qui les reçoivent et ce tant que la monnaie se tient ou qu’ils en profitent pour acheter des biens tangibles.

En si disant : « pourvou que cela doure «

Inflation et effet ketchup

7 décembre 2011 | Marc Mayor | la chronique agora

C’est le dernier rempart avant l’envol des prix. Malgré les tonnes de monnaie imprimée, la hausse des prix ne dépasse pas quelques pour cent dans les pays développés. La raison de ce miracle : la vélocité de la monnaie continue à s’effondrer. La mauvaise nouvelle : ce ne sera qu’un miracle passager. Autrement dit, une illusion.

Mais où passent les milliards de milliards injectés dans l’économie de chaque côté de l’Atlantique ?

Les entreprises ne les utilisent pas pour investir, ce qui alimente des risques de récession qui se précisent chaque jour davantage. Les banques ne s’en servent pas pour accorder des crédits aux individus et aux sociétés, ce qui renforce l’élément précédent. Où vont alors ces milliards ?

La réponse est : nulle part. Plus précisément, ils se propagent beaucoup moins dans le circuit économique. Dans un monde “parfait” (vous verrez plus loin pourquoi j’utilise des guillemets), les liquidités injectées dans le système stimulent mécaniquement la croissance économique. Les banques prêtent, les entreprises investissent et les consommateurs dépensent.

La monnaie passe de l’un à l’autre de ces agents avec une fréquence normale : c’est ce qu’on appelle la vélocité de la monnaie. Lorsqu’elle n’est pas gelée, il suffit d’insuffler un peu de liquidité pour obtenir un effet démultiplicateur et soutenir efficacement l’économie. Revers de la médaille de ce fonctionnement “parfait” ou théorique, les risques inflationnistes sont proportionnels aux sommes injectées.

La vélocité de la monnaie recule… pour l’instant

C’est ce qui devrait se produire aujourd’hui. L’explosion des masses monétaires en Europe et aux Etats-Unis devrait avoir lancé un cycle inflationniste d’ampleur historique. Mais ce n’est pas (encore) le cas, car la vélocité continue à reculer, comme le montre le graphique ci-dessous.

En clair : les agents économiques cassent l’effet d’entraînement visé par l’injection de liquidités, car ils n’ont plus confiance dans le système. Ils remplacent un cercle officiellement vertueux par un disque vicieux, en quelque sorte.

Les liquidités injectées par les banques centrales filent tout droit sous les matelas des individus ou, pour les plus avisés, dans leurs coffres, sous forme de lingots d’or. Le seul moyen de conserver de la valeur à ces bouts de papier que l’on appelle encore monnaie.

Un dommage collatéral de ce réflexe est que la croissance ne repart pas, bien au contraire. Ce qui pousse les autorités à faire encore plus tourner la planche à billets. Voyant cela, les individus s’inquiètent encore plus, ce qui les renforce dans leurs comportements prudents.
La vélocité recule encore, poussant les banques centrales à injecter et injecter à nouveau. Si nécessaire grâce à l’assouplissement quantitatif que de nombreuses voix réclament en Europe aussi dorénavant.

L’inverse, c’est l’hyperinflation : au lieu d’un lingot qui dort dans un trou au fond du jardin pendant vingt ans (ce qui correspond à une vélocité nulle), chaque billet brûle les doigts parce que sa valeur fond à chaque minute qui passe. Dans un environnement d’hyperinflation, la vélocité est proche de l’infini, puisque chaque personne qui reçoit un billet en paiement d’un bien ou d’un service court le dépenser dans les cinq minutes suivantes, pour ne pas trop perdre de pouvoir d’achat.

Comment tout cela finira : nous le savons tous

Pour l’instant, nous secouons avec force la bouteille de ketchup que nous venons d’ouvrir, et rien ne sort ; comme vous le savez, une fois que l’inflation sortira, ce sera toute la bouteille qui se répandra d’un coup.

Dans l’histoire, aucune banque centrale ni aucun gouvernement n’ont réussi à retirer des liquidités massivement injectées dans le circuit économique ; ces derniers temps, nous avons assisté à une accumulation forcenée de liquidités, mais contenue par la digue de la vélocité, comme dans une bouteille de ketchup. Or une digue, c’est bien connu, finit toujours par céder, comme la bouteille ; lorsque le liquide qu’elle retient exerce une force trop importante. Et quand la digue saute, les conséquences sont on ne peut plus violentes.

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