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Oct 01

Fiat lux

Toutes les mesures de réformes dont on parle internationalement ont le même but: réduire la part qui revient au travail vivant dans la valeur ajoutée.

C’est le credo international : on ne jure que par les réformes. Les baisses de charge, les allongements de la durée du travail, la réduction des retraites, l’érosion des salaires indirects, la flexibilité, les réformes des codes du travail pour assouplir les échines.

Pourquoi ? Tout simplement parce que les profits sont insuffisants en regard du capital existant lequel ne cesse d’augmenter mais ce n’est plus, depuis longtemps, du capital productif.

La production, pour continuer, réclame toujours plus de capital mais la masse de capital qu’il faut mettre en œuvre dans le système croît aujourd’hui beaucoup plus vite que la production.

La part qui revient aux salaires est historiquement très basse, le capital confisque tous les gains de productivité, mais cela ne suffit pas parce que la masse de capital qu’il faut rentabiliser est elle aussi à des niveaux record!

La production marche, l’accumulation du capital court, que dis-je elle vole!

Nous sommes dans une phase d’intensification du capital d’une part et dans une phase d’accumulation de capital fictif d’autre part. Sans compter qu’il y a accaparement du profit global par une poignée de leaders technologiques.

Il n’y a pas eu d’inflation du prix des biens et des services, mais il y a eu une inflation considérable de la masse et du prix du capital. On a beau exploiter la main d’œuvre des émergents, intensifier le travail dans les pays développés, moderniser pour peser sur le coût du travail, rien n’y fait il n’y a pas assez de profit pour honorer tout le capital qui réclame son dû. . Et celui-ci ne cesse de progresser puisque les marchés financiers battent de nouveaux records que chaque jour on fait de nouvelles introductions Bourse et de nouvelles émissions de dettes.

Les élites n’ont toujours pas compris que leur remède à la crise s’analysait comme une inflation de la masse de capital qui existe dans le système et que cette inflation , puisque la production stagne, dilue les profits existants et fait baisser inexorablement le taux de profitabilité moyen … Et plus les élites chercheront à surexploiter le travail, à réduire la part du travail vivant, plus celui-ci aura des problèmes de pouvoir d’achat et moins il pourra acheter.

Il faudra sans cesse augmenter le recours au crédit pour compenser l’insuffisance de pouvoir d’achat, donner du crédit gratuit à zéro pourcent, nous serons toujours en déflation et il ne pourra jamais y avoir de remontée de l’inflation sauf si on détruit la monnaie.

Nous sommes dans un système absurde, mais cohérent:

-excès de capital

-insuffisance de profitabilité

-on pèse sur les revenus salariaux

-la demande adressée à l’économie n’est pas assez élevée

-pour éviter les faillites et la destruction on brade le crédit

-le crédit bradé inflate la valeur du capital et gonfle la masse de dettes donc le stock de capital

-la masse de capital qui cherche sa rentabilité augmente encore

-le capital est de plus en plus excessif

-le profit de plus en plus insuffisant

Pour que les détenteurs de capital le gardent, il faut leur offrir un complément de performance:   la rentabilité interne des placements et investissements est beaucoup trop faible pour être intéressante donc il faut la compléter par une rentabilité externe, c’est la hausse des cours sur les marchés.

Il faut fabriquer de la Plus-Value boursière. Le papier représentatif du capital n’est conservé que parce que la rentabilité interne des placements est complétée par une plus-value potentielle qui est produite par la hausse des Bourses ou de l’immobilier, c’est à dire par le Ponzi .

On ne peut arrêter le manège infernal du Ponzi car si on arrête, la rentabilité interne des  placements, leur attrait fondamental apparaîtra  insuffisantes et donc les détenteurs vendront.

Seule la hausse permet de stabiliser, il faut que la bicyclette roule pour ne pas tomber.

Pour éviter l’effondrement, il faut continuer, c’est marche ou crève.

Extraits d’un article de Bruno Bertez   brunobertez.com

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