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Jan 16

Faiseurs

 

Ce sont ces êtres qui sont leur propre recours, leur propre point d’appui, qui sont capables de raisonner hors cadre, j’appelle cela les charlistes. Charles de Gaulle était de ceux-là, il invente une France au bord de la Tamise, sans soutien et sans argent ; la bataille de Bir Hakeim a été remportée par des types qui faisaient la guerre en taxi-brousse, d’autres charlistes encore. Ils vont puiser très profondément en eux les ressources pour réussir, ils deviennent garants de la réussite de quelque chose, d’une réconciliation, etc.

De nos jours ce type de profil a presque disparu de la scène politique nationale. Il est absolument nécessaire qu’il réapparaisse, qu’un certain type d’individus porte ce genre d’ambitions et cette façon d’être

Or, dans le cadre, il n’y a plus de solution ; il faut penser hors cadre. le mode de pensée des élites est devenu un problème.

Pour revenir aux hommes politiques classiques, leur principal problème est qu’ils ne sont pas des faiseurs, ils ne font en réalité rien. Non pas qu’ils soient inactifs lorsqu’ils sont aux manettes, ils communiquent et s’agitent beaucoup. Le problème est leur manière d’être : d’une façon générale, ce sont des individus qui n’ont jamais réellement travaillé de leur vie ; pour la plupart, ils n’ont ni créé d’entreprise ou d’association, ni par exemple alphabétisé telle ou telle personne dans les quartiers, ni suivi personnellement un chômeur, etc.

On retrouve majoritairement aussi ce type d’apparatchik dans les grandes entreprises du CAC40, dirigés non par des faiseurs, des créateurs d’entreprises, mais par des gestionnaires.

J’estime que notre pays arrive au bout d’un cycle, d’une manière ou d’une autre ce sont les faiseurs qui vont prendre la relève, par la force des choses.

Ce qu’on ignore ce sont les modalités, les calendriers, etc. Mais les non-faiseurs sont déjà morts ; mais ils ne le savent pas.

 Nous avons par ailleurs une chance historique que ce scénario se réalise, c’est l’absence d’homme providentiel en France. Nicolas Sarkozy ne semble pas s’en être aperçu mais, en mai 2012, les Français l’ont mis dehors, ce n’est pas un homme providentiel. Il a eu 5 ans pour agir, il avait le mandat pour changer le logiciel français.

 Il devait, si mes souvenirs sont exacts, incarner la rupture : il n’a rien fait, s’est fait virer par les Français, et surtout, pire encore, il ne semble pas avoir amorcé la moindre démarche de critique. On entend ses lieutenants dire que mai 2012 est un malentendu, qu’il aurait fallu quelques semaines de plus à Sarkozy et on aurait vu ce qu’on aurait vu, etc.

Bref : il n’y a pas d’homme providentiel en France, et c’est une fantastique opportunité pour la société française de devenir adulte, de commencer à raisonner de manière moderne, à savoir horizontale et non plus verticale.

La manière de gouverner basée sur la hiérarchie a fait son temps, elle n’a plus sa place dans notre société.

D’après une interview d’Alexandre Jardin sur contrepoints.org

 

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