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Mai 07

Bonne poire

« Un million d’espèces menacées de disparition. Il n’est pas trop tard pour agir »

C’est la Une du Monde d’hier.

Aujourd’hui, comme par hasard, Monsieur Macron égrène un chapelet de mesures, comme autant de saintes dévotions, et surtout comme s’il avait découvert tout ça pendant la nuit…

Prenez-nous bien pour des poires toutes tremblantes, la queue encirée d’angoisse, soufflant enfin :

« L’humanité est face à ses responsabilités. »

Mais qui donc est le monde ? Qui donc est l’humanité ?

Quelle est cette abstraction qu’ils manient avec tant de désinvolture, indifféremment le monde ou l’humanité ?

Le monde ? Quelle adresse ? Quel téléphone ? Il y a un compte Twitter, une page Facebook ? Est-ce qu’il a un droit de réponse le pauvre monde ainsi accusé ? Mais alors quelle est sa voix ?

Le monde c’est tout le monde, c’est surtout personne, c’est l’abdication de l’intelligence. Accusez l’ONU, l’UE, la France, des multinationales, l’OCDE qu’on rigole un peu, qu’on ait un peu de répondant, que quelqu’un se défende.

Il se trouve que le monde tout entier c’est vous.

Il y a quelques mois, le PDG de Danone, Emmanuel Faber, accordait lui aussi un entretien au Monde, beaucoup moins médiatisé celui-là, très vite relégué dans les tréfonds du site.

Cachez cette vérité que je ne saurais voir, car la vérité la voici, telle que l’énonce simplement Monsieur Faber :

« Nous attendons chacun une alimentation qui soit saine, durable et socialement responsable, mais les prix de nos grandes marques ont baissé de 15 % sur cinq ans. Les marges de l’agroalimentaire en France n’ont jamais été aussi basses depuis le milieu des années 1970.

Nous ne sommes pas capables aujourd’hui de faire vivre la prochaine génération d’agriculteurs, compte tenu, dans certaines filières, des prix qui sont imposés par cette concurrence sauvage.

Veut-on que, demain, il y ait encore des fermes, que les produits viennent de France et que les salaires soient décents dans la chaîne d’approvisionnement ?

C’est un choix de société. »

Les écrans qui envahissent nos vies promettaient de nous donner accès à tous les savoirs du monde.

Et c’est vrai, si vous voulez commencer votre potager vous trouverez tout le savoir dont vous avez besoin en ligne, facilement accessible, merveilleusement bien expliqué, vous trouverez même des gens qui vous y aideront, vous enverront des graines et des encouragements mais pour une obscure raison, la plupart d’entre nous préférons nous vautrer dans la consommation addictive de divertissements compulsifs, enfermés dans un mode de vie qui nous consume.

Et à chaque fois que l’État ajoute une nouvelle norme, une nouvelle règle, un nouvel objectif, il contribue à nous enfermer dans notre névrose.

Dans quelques semaines se tiennent les élections européennes. Quel que soit leur résultat, à la suite de ces élections, l’UE reprendra les négociations pour son grand traité de libre-échange avec les États-Unis, le TTIP.

Ce traité est vital pour la très exportatrice Allemagne et morbide pour l’agriculture française qui se verrait encore plus exposée à une concurrence insoutenable.

Mais l’humanité est face à ses responsabilités vous disent ces gens. Alors quoi ?

J’en ai ma claque que ces gens qui ne s’arrêtent jamais de renverser la table et vous recrachent à la gueule à grand coup de projections ce que leurs idéologies ont produit de pire.

Extraits d’un article de Guy de La Fortelle : l’investisseur sans costume

 

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